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Tout le monde dit : Pie love you
26 octobre 2012

Le blues du macaron

« Tiens, et si on faisait des macarons ! »

Cette petite phrase, lancée de manière totalement anodine au détour d’une conversation sur ce que nous pourrions confectionner pour un petit gouter improvisé entre filles par Mlle A. une de mes très bonnes copines, me laissa sans voix.

Alors comme ça même Mlle A, pourtant loin d’être une cuisinière zélée, s’était déjà essayée à la réalisation de macarons. La façon dont elle lançait son invitation à en confectionner une série cet après-midi-là, si pleine de décontraction et d’assurance, laissait penser qu’elle allait même jusqu’à maîtriser l’art de leur fabrication.

Je m’étais habituée à ce que le macaron soit devenu un classique dans le répertoire pâtissier de toute foodista qui se respecte et cela depuis quelques années déjà. Des cours avaient fleuri dans tout Paris sur « La » façon de procéder pour parvenir à obtenir chez soi ces petites douceurs que l’on se contentait jusque-là d’admirer avec un respect circonstancié dans les vitrines des plus grands faiseurs de la capitale. Seuls les grands noms de la pâtisserie y étaient associés Ladurée, Hermé, Mulot et quelques autres chanceux, dignes représentants de l’excellence française. Ledit petit four était dégusté avec précaution et application. On n’engloutissait pas un macaron comme un pépito au chocolat. Non, Madame, on le savourait après avoir admiré ses courbures exquises et sa robe aux couleurs délicates. Le macaron était un peu l’équivalent pour les français de ce que le thé est aux japonais, il passait alors pour une petite merveille dont on se délectait seulement en des occasions exceptionnelles et méritait bien un peu de cérémonial !

Dieu que les choses ont changé depuis lors… Désormais le macaron est partout. Adieu madeleines et autres financiers pour escorter thés et cafés. Pas une boulangerie ni un salon de thé qui n’en orne ses présentoirs. Aujourd’hui même Ronald propose sa version des macarons dans tous ses Mac Cafés.

C’est dire si le macaron s’est banalisé, trivialisé, oserais-je dire ringardisé ? Pas une semaine du « Dîner presque parfait » sans qu’un candidat au moins n’en fasse figurer à son menu dans une version sucrée, voire salée, car même dans ses déclinaisons les plus audacieuses le macaron autrefois vénéré ne fais plus frémir le cuisinier amateur.

Consommer un macaron est  devenu d’une banalité mortelle. Seul Pierre Hermé tente désespérément  de lui conserver ses lettres de noblesse en faisant de ses boutiques de véritables écrins pour ces petits gâteaux qu’il voudrait que l’on considère toujours comme les joyaux de notre pâtisserie. L’ampleur de la tâche est immense car même leur confection maison est regardée comme tout ce qu’il y a de plus ordinaire.

Ordinaire pour tous sauf pour moi, qui me pique pourtant d’être une fan absolue de tout ce qui touche à la cuisine. Je dois bien avouer n’en avoir jamais confectionné par peur de m’y frotter. A mes yeux le macaron reste une petite prouesse de technique pâtissière, et je crois n’avoir jamais pu jusque-là me résoudre à le désacraliser suffisamment pour m’autoriser à penser qu’il pouvait être à ma portée.

J’ai tout l’attirail nécessaire à sa confection depuis longtemps dans mes placards et je ne peux compter le nombre d’émissions culinaires vues sur les secrets de sa fabrication.

Et pourtant, je n’ai jamais osé…

Mais depuis cette fameuse petite phrase lancée par Mlle A, mon honneur de cuisinière est en jeu. Alors après avoir posé une journée de RTT, je suis fin prête et déterminée à en découdre avec la dite pâtisserie ! Que diable ma fille, toi, aussi après cet après-midi, tu pourras nonchalamment suggérer : « Tiens et si on macaronait ! » Mieux vaut tard que jamais…

 

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Epilogue :

Ce qui devait arriver, arriva : ma première tentative macaronienne fut un échec ! Car entre avoir vu faire les autres  et faire soi-même il y a un monde. L’incident survint au moment de la réalisation de la meringue italienne. Il va de soi que j’avais choisi la recette pour macaronista avertie exigeant la confection d’une meringue italienne, désormais ma bête noire en cuisine, et non la version simplifiée pour pâtissier apprenti… orgueil quand tu nous tiens ! J’aurais bien du me méfier car le travail du sucre n’a jamais été mon fort, le nombre impressionnant de caramels que j’avais précédemment ratés aurait du me mettre la puce à l’oreille… L’inévitable se produisit donc de la manière suivante : le sucre, dont la température avait pourtant était mesurée avec le plus grand soin à grand renfort d’instruments n’étant jusque-là jamais sortis de leur emballage, figea honteusement lorsque j’essayai de le verser tant bien que mal dans mes blancs montés en neige. Horreur !!!

Ayant passé déjà plus d’une bonne heure et demi à la réalisation des étapes précédentes de la recette (comment diable ces maudits candidats du « Diner » susmentionné font-ils pour réaliser leurs macarons destinés le plus souvent à servir d’amuse-bouche en plus des entrées, plats et desserts requis en un après-midi seulement ????), je ne pu me résoudre à jeter l’ensemble de ma préparation.

N’ignorant  pourtant rien de la présence non désirée de pépites de sucre récalcitrants dans ma pâte, je tentai le tout pour le tout et me lançai dans un macaronage effréné. Celui-ci s’avéra beaucoup trop énergique au goût de mes blancs en neige, porta l’estocade finale à mon mélange et finit de réduire à néant mes espoirs macaroniens. La pâte dégoulina lamentablement de ma poche à douille.

Il me fallut me rendre à l’évidence, malgré tous mes efforts aucun macaron ne sortirait ce jour-là de mon four.

Pour autant je ne me résolus pas à jeter le fruit de mon labeur à la poubelle, je parvins à récupérer la pâte ayant dégouliné et à la mettre patiemment, cuillère après cuillère dans .de petits moules individuels. Après une bonne vingtaine de minutes de cuisson, je obtins une série de petits gâteaux au fort parfum d’amande ressemblant autant à des macarons que des palets bretons…

Le fin mot de cette affaire est que ne réalise pas macaron qui veut, en tout cas pas dès la première fois. Le macaron mérite donc bien son mythe à mes yeux et vraisemblablement encore pour un bon moment ! 

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